7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 14:33

Salut à tous(tes) !!!!

 

Encore un mois très cinématographique à l'Atelier des Canulars ...

Voila donc le résumé de la programmation de cette fin d'année :

 

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Dimanche 4 Décembre à partir de 20h :

Ciné Club :"Born In Flames" de Lizzie Borden, USA, 1983, 1h30

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Samedi 10 Décembre à partir de 13h:

 Le Mini Market de l'Atelier Canulars

avec projection à 14h de "  Billy Elliot" de Stephen Daldry,

Angleterre, 1984, 1h50

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Dimanche 11 Décembre à partir de 20h :

Ciné Club : " Sleepy Hollow " de Tim Burton, Allemagne/USA, 1999, 1h45

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Vendredi 16 Décembre à partir de 20H30 :

Resto Végétarien espelette vs gingembre

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Dimanche 18 Décembre à partir de 20h :

Ciné Club : " El Topo " d'Alejandro Jodorowsky, Mexique, 1970, 2h05

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Jeudi 22 Décembre à partir de 20h :

Le Jeudi du Doc :  " La Vida Loca " de Christian Poveda,

Mexique/France/Espagne, 2008, 1h30

 

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            Nous vous rappelons que les films du Ciné-Club et

   les documentaires du Jeudi du Doc commencent toujours vers 20h30 !!!!!

 

  ET MAINTENANT VOICI LE PROGRAMME DU MOIS DE DÉCEMBRE PLUS EN DÉTAIL ...

 

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Dimanche 4 Décembre à partir de 20h :

Ciné Club : "Born In Flames" de Lizzie Borden, USA, 1983, 1h30

 

New York  a fini  sa révolution sociodémocrate, tout a changé. Sauf le

sexisme, le racisme, le chômage et les média mainstream.

 

Les politicien-nes font des appels à l’unité et à la patience,  les

femmes font des centres sociaux et de l’action directe, les agents du FBI

font  des écoutes pour deviner qui est cheffe. C’est dur.  Elles  sont

noires, blanches, ouvrières, employées de bureau, journalistes,

syndiquées, lesbiennes, mères de familles.

 

On entend de l’espagnol, du français, des chants saharaouis, des sifflets,

des slams, des mégaphones.

 

Film polyphonique, pas de propagande. Entre l’autodéfense, l’action sociale, la guérilla internationale, les radios, les grèves, les bombes, Lizzy Borden ne dit pas quelle guerre est juste, ni quelles stratégies sont conciliables. Elle dit juste la rage incendiaire des femmes des années post peace and love.

 

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Samedi 10 Décembre à partir de 13h:

Le Mini Market de l'Atelier Canulars

des créations, des disques à pas cher et à prix libre, des trucs et des bidules à donner, des machins à trocs...autour d'un bon goûter et de la projection à 14h de " Billy Elliot" de Stephen Daldry,

Angleterre, 1984, 1h50

 

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Dimanche 11 Décembre à partir de 20h :

 Ciné Club : " Sleepy Hollow " de Tim Burton, Allemagne/USA, 1999, 1h45

 

En 1799, Ichabod Crane (Johnny Depp), un policier new-yorkais, est envoyé à Sleepy Hollow, un village de la Nouvelle Angleterre, fondé par des colons néerlandais. Il a pour mission d’enquêter sur une série de meurtres mystérieux, dont les victimes ont toutes été retrouvées décapitées. Limier sceptique, aux méthodes scientifiques, il se frotte à la communauté locale, qui croit dur comme fer que les meurtres ont été commis par le Cavalier sans tête, le fantôme d’un mercenaire germanique sanguinaire ayant combattu pendant la guerre d’indépendance et venant réclamer son chef perdu lors d’une embuscade. Ichabod rencontre les Van Tassel, notables de la petite ville, et succombe au charme de Katrina (Christina Ricci), qu’il soupçonne néanmoins de pratiquer la sorcellerie. Les suspects se multiplient tandis que les meurtres se poursuivent…

Ce canevas romanesque, appartenant à Irving, le cinéaste l’a littéralement investi, entraînant un classique récit d’épouvante sur un terrain pleinement cinématographique. La variation sur l’étrange pouvoir des images intimes et effrayantes est mise en avant, comme Batman, le défi avait choisi de tout miser sur l’ambivalence de ces personnages, ou Edwards aux mains d’argent sur l’impact mythique de son héros. Sleepy Hollow vu par Burton devient une fable gore et œdipienne. Gore, puisque la série de décapitations est montrée sans complexe et que Burton s’offre avec un plaisir ludique une savante incursion dans le film d’horreur, citant ses plus beaux fleurons (Bava et Fisher). Œdipienne, puisque les horreurs dont Ichabod est témoin font resurgir chez lui le souvenir fondateur d’un crime atroce, lié à son enfance. Et c’est là que Burton tire à lui cette histoire en plaçant en son centre un noyau de sens qui lui donne une densité inattendue. Si le danger est réel, il est avant tout intérieur. Ichabod ne craint pas de combattre le dangereux fantôme, mais se retrouve tremblant dans son lit après un cauchemar. Il lui faut vaincre la peur des images, auxquelles il ne faut pas se fier car elles peuvent être un mauvais tour de magie, un simple effet d’optique. Comme le jouet qu’il manie à plusieurs reprises, ou comme les ombres projetées par une lanterne magique sur les murs. Images mouvantes et inquiétantes, prêtes à gagner la crédulité d’un enfant (d’autant plus qu’il a été le témoin d’horreurs bien réelles) : le vrai monstre est le sorcier qui les manipule.

Or, dans Sleepy Hollow, il y a un bon et un mauvais usage de la sorcellerie. Il y a de vrais coupables, dissimulés derrière le surnaturel et tous les artifices du film fantastique, qui ne sont convoqués que pour animer le drame de l’imaginaire et son cortège de malédictions. La splendeur du spectacle et le plaisir qu’il procure ne sauraient éclipser son sens : le jeu de la représentation et de ses "trucs" les plus savoureux se voile d’inquiétude et de mélancolie sceptique. La cruauté tant vantée dans les films d’horreur existe bien quelque part. Elle n’est pas le fait d’un cavalier fantôme -brillant rejeton d’une mécanique de la frayeur dont le film épuise les effets- mais dans l’ombre de la mémoire, dans les replis de l’âme romantique, dans tout ce qu'on a voulu faire croire aux enfants, avant de les envoyer se coucher avec la peur au ventre. Avec Sleepy Hollow, l’angoisse est enfin identifiée, l’horreur décryptée. C’est maintenant l’épouvante qui prend forme, et tandis que le rêve s’achève, le spectacle commence.

 

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 Vendredi 16 Décembre à partir de 20h30 :

 Resto Végétarien Espelette vs Gingembre

Combat du piquant contre l'épicé, du rhizome contre l'herbacée

Tout pour vous chatouiller le papilles....

 

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Dimanche 18 Décembre à partir de 20h :

 Ciné Club : " El Topo " d'Alejandro Jodorowsky, Mexique, 1970, 2h05

 

El Topo "la taupe", un cowboy pas comme les autres, parcours le désert accompagné de son jeune fils. Sur son chemin il affronte des bandits et fera la rencontre de Mara, une jolie jeune femme, délaissant par le fait même le garçon. Mara conduira El Topo vers les quatre maîtres tireurs du désert. Lors de chaque affrontement avec ces maîtres, il tirera des leçons de vie. Plus tard, El Topo deviendra l'espoir d'un groupe de gens physiquement difformes enfermés à l'intérieur d'une grotte.

 Mettons les choses au clair, El Topo n'est pas un film d'horreur. S'il a su attirer l'attention des amateurs du genre à travers le temps, c'est surtout parce qu'il s'agit d'un film étrange. En partie un western, El Topo est comme son réalisateur le dit : un film mystique. Il s'agit de vous imaginer quelques plans pour vous donner une idée à quel point le film sort de l'ordinaire. En plein désert, El Topo sur son cheval noir, tout vêtu de noir avec un parapluie noir à la main, avec son jeune fils flambant nu derrière lui. L'arrière-plan rappelle le fond d'un tableau ; on se croirait dans une peinture surréaliste. Et vraiment, surréaliste est un des mots les plus justes pour qualifier cette oeuvre.

 Alejandro Jodorowsky a créé une oeuvre qui ne se lit pas de façon conventionnelle. De scène en scène, de plan en plan, quelque chose d'anormal habite El Topo. Que ce soit par ses personnages colorés, son symbolisme inusité, sa violence frappante, son montage déstabilisant, ses ellipses abondantes ou sa réalisation inventive, tout participe à ce qu'on se sente totalement ailleurs. Néanmoins, cet "ailleurs" ressemble drôlement à notre "chez soi". Jodorowsky nous présente une société parallèle à la nôtre et soulève au passage plusieurs enjeux sociaux pertinents. Le charme du film se trouve aussi dans le fait que la quête d'El Topo est particulièrement touchante à suivre. Au départ un homme semblant bien au-dessus de ses moyens, El Topo se retrouvera à devoir graver les échelons à nouveau. La quête du protagoniste est spirituelle.

Chaque personne qu'il rencontre et chaque étape qu'il franchit forment un intrigant cycle qui au final, fait énormément de sens. L'allégorie de la caverne de Platon sert de noyau au film et elle est utilisée judicieusement.

Bien sûr que si on parle d'un quasi western, on parle de fusils. Sur ce point, El Topo se démarque des conventions du genre en offrant des affrontements et des duels plutôt baroques. Ces luttes débutent et se finissent toujours d'une manière imprévisible. Aviez-vous déjà pensé qu'un ballon de fête qui se dégonfle pouvait servir de compte à rebours ? Que pensez-vous d'un adversaire qui a pour seule arme un filet à papillons ?

Ce ne sont que quelques exemples parmi les nombreuses scènes qui paraissent complètement absurdes dans ce film. Un autre élément qui surprend d'El Topo est la quantité impressionnante de gore qu'il contient par rapport aux westerns habituels. Les impacts de balles sont réalistes et Jodorowky ne se gêne pas de faire gicler le sang. Les effets spéciaux sont très réussis et pour l'époque, on peut qualifier le film d'absolument violent.

À la réalisation, Jodorowsky effectue un travail particulièrement intéressant. Le réalisateur chilien ne manque pas une seconde pour nous garder attentifs et fait montre d'un souci esthétique impressionnant. El Topo est un film dynamique qui change constamment de rythme. Malgré sa complexité, ses sympathiques élans philosophiques en font un film plutôt léger. On peut facilement comprendre pourquoi les gens appréciaient tant le visionner à plusieurs reprises. El Topo est un film qu'on est libre d'interpréter de la façon qu'on désire. Autrement dit, rien ne sert de se casser la tête et mieux vaut se laisser emporter par la vague. La musique du film, principalement composée de flûte, de violon et de trompette, est simplement excellente. Les acteurs du film sont tous très convaincants et Jodorowsky se fond littéralement dans son rôle.

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Jeudi 22 Décembre à partir de 20h :

 Le Jeudi du Doc :  " La Vida Loca " de Christian Poveda,

Mexique/France/Espagne, 2008, 1h30

 

En Amérique centrale, on les appelle les Maras. Construits sur le modèle des gangs de Los Angeles, ces groupes de jeunes sèment la terreur, entre autres à El Salvador.

« La Vida Loca » c'est la vraie vie, là bas. Des mômes nous toisent, nous en veulent et ne nous aiment pas. Un documentaire sur la solitude humaine absolue, sur la haine de ceux à qui on a tout pris et rien rendu. La haine de ceux qui n'ont jamais rien eu. La haine de l'exploitation, de la soumission et de l'humiliation quotidienne. Il ne s'agit pas d'un « choc de génération » , mais d'un affrontement « anthropologique ».

Pourtant l'écho que trouve ces gangs et la fascination qu'ils exercent ne repose que sur le désespoir visible de pays asservis eux-mêmes à une mondialisation outrancière. De toutes évidences, El Salvador est devenu un exemple universel, à travers le phénomène des gangs qui ravagent le pays, de ce que les états peuvent entretenir de plus tragique dans les rapports Nord/Sud.

Les gangs du Salvador, c’est d’abord une imagerie, un précis d’histoire contemporaine, une image du local rebricolée dans un monde devenu global. Souvenir de la bande, mythe fondateur du crime organisé.   

Enfants des Bloods and Crisps les gangs rendus célèbres par Colors de Dennis Hopper, ces bandes sont nées dans le ghetto latino de L.A.Devenues ennemis héréditaires, elles se livrent une guerre suburbaine totale. Dans les rues de Los Angeles d’abord, puis dans de nombreuses villes nord-américaines, dans les prisons qui accueillent des centaines, puis des milliers de détenus membres de ces gangs. 

Condamnés souvent à de longues peines, voire à perpétuité, pour homicides, vols avec violence, trafic de drogue et port d’armes, les gangs qui « tenaient » les ghettos prirent la possession et le pouvoir dans les prisons. Originaires de toute l’Amérique centrale, des adolescents déboussolés, immigrés économiques et politiques, et particulièrement les centaines de milliers d’enfants de Salvadoriens fuyant la guerre civile, devinrent, en une dizaine d’années, des organisations criminelles structurées, hiérarchiques, donnant la mort à leurs ennemis, « intérieurs » comme « extérieurs ».

Ces gangs ont été surnommés Maras en référence aux Marabuntas, ces fourmis carnivores d’Amérique Centrale qui détruisent toute vie sur leur parcours. Ainsi naquit la Mara Salvatrucha (littéralement « fourmi salvadorienne »). On nomme encore ce gang MS 13, car il était installé le long de la Thirtheenth Street de South Central, à LA. Cette organisation fut talonnée par une autre Mara, la redoutable M18, en référence à la Eigtheenth street, où elle sévissait.

Les Maras nationales du sud des USA sont déclinées en pandillas (bandes) au niveau régional, et en cliquas (cliques), sorte d’unités de base de quartiers, voire de rues. Les membres, tatoués de la tête aux pieds, sont appelés pandilleros ou homeboys. Le tatouage sert de reconnaissance, mais il marque encore l’exclusion volontaire de ses membres de l’espace social : comment trouver du travail quand on a le signe 13 ou 18 tatoué sur le front, sur les pommettes ornées de larmes, figurant le nombre des ennemis abattus ?

Ecrivant un nouveau chapitre de la guerre des gangs de Los Angeles, l’histoire aurait pu rester concentrée dans les Etats américains. Mais c’était sans compter avec la politique de Washington...

 En 1996, le gouvernement américain édicte simultanément l’Illegal Immigration Reform et l’Immigrant Responsability Act, autrement dit l’adoption d’une féroce législation de « double peine » permettant aux autorités de renvoyer illico en Amérique centrale plus de 100.000 membres des gangs détenus aux Etats-Unis. Conséquence affolante : cet afflux délinquant gangrène l’ordre, la paix sociale et l’économie des nations d’origine, Panama, Honduras, Salvador, Guatemala, Costa-Rica, et Nicaragua… Ce transfert des gangs déclenche des paranoïas sécuritaires dans les États locaux.

En une décennie, les USA réussissent là où ils avaient échoué auparavant, en maintenant au pouvoir les dictateurs locaux, en finançant guerres civiles et coups d’Etat !

Un théâtre social :La geste des maras, c’est encore l’histoire des villes-mégalopoles, ces banlieues-monde, ces megacities, invraisemblables bricolages de villes et de campagnes, illustration parfaite du Pire des mondes possibles, dernier bestseller du philosophe franc-tireur, l’urbaniste Mike Davies.  

Ainsi ces banlieues de San Salvador sont comparables à un clone de bidonville et de programmes sociaux en bordure du « grand rien » qui sépare la capitale de sa chaîne de volcans. Un no man’s land, topographie idéale d’une violence caractérisée.

Nous sommes à l’extrémité du quartier de Soyapango. Deux ruelles en précipices, la Campanera et San Ramon, forment un cul-de-sac, terminus des bus au creux d’un canyon. Un cul-de-sac de l’espérance pour des habitants pris au piège de la survie.

Pour les jeunes répartis entre deux gangs ennemis, Mara Salvatrucha et Mara 18, l’avenir c’est la prison ou la mort. Ou les deux souvent. Comme ce 6 janvier 2007 qui vit vingt et un cadavres, décapités ou démembrés, lors d’une émeute dans la prison surpeuplée de l’ouest du pays, quand s’opposèrent 500 membres de la MI8 aux autres détenus.

Filmée caméra à l’épaule, en plans serrés, c’est La vida Loca, la vie folle, comme disent les pandilleros. Pendant une année, la caméra s’attarde au quotidien d’une cellule de base de l’une de ces gigantesques maras, la clica 18 de la Campanera, composée d’une bande attachante d’une cinquantaine d’adolescents et de jeunes adultes. Moyenne d’âge 16/18 ans. Cette clica est vécue comme une commune égalitaire, une sorte de confrérie autoproclamée d’exclus, mi-enfants des rues, mi-enfants soldats.

 En arrière-plan, ce film est la chronique fidèle des rêves et des terreurs des habitants de cette nouvelle banlieue tropicale de Los Angeles : la périphérie de San Salvador, où, vingt ans après une guerre révolutionnaire qui saccagea la nation, une nouvelle guerre civile, aussi terrible, oppose maintenant les pauvres aux pauvres. Un « crime parfait de la mondialisation » dirait le philosophe Jean Baudrillard.

 « Une histoire sans intrigue », écrivait le romancier noir jamaïcain, héros de Harlem Renaissance, Claude McKay, dans son livre culte, Banjo. Un roman qui relate les heurs et malheurs d’une bande de " nègres " musiciens, navigateurs, tirailleurs démobilisés, ou encore dockers à Marseille à la fin des années 20. Au gros de la crise économique mondiale de 1929 et des assauts du Komintern alors flamboyant. Cette pandilla marseillaise avait décidé malgré tout de jouir et de profiter de cette salope de ville. Ce concept d’histoire sans intrigue peut s’appliquer au film de Christian Poveda, chronique auto-romancée d’une bande d’adolescents qui n’ont comme espoir que de prendre un peu de plaisir avant de mourir bientôt.

 Héros et personnages :

 Une poignée de héros et leurs compagnons d’infortune sont nos personnages. Ils sont les otages d’aventures paradoxales qui conduisent certains à la rédemption évangéliste, alors que d’autres traversent le tournage tels des météores, pour finir assassinés d’une balle dans la tête, étendus sur l’inox glacé de l’institut médico-légal. Ou, pour les chanceux,dans la fournaise des prisons surpeuplées, vivant par centaines à même le sol, dormant tête-bêche, à l‘exemple des prisonniers des cales des vaisseaux négriers.

Ne serait-ce la gravité du propos, le travail, l’implication de Christian Poveda laisse penser à un Jean Rouch filmant au plus près, saisissant dans les mégapoles d’Abidjan et d’Accra des années 50 les espoirs, les désespoirs des jeunes urbains des indépendances.

Violentes et tendres chroniques de « Moi un noir » et des « Maîtres fous».

 Les garçons comme personnages :

« El Banban », dans la posture du fils de la série télé Les Pierrafeu. C’est l’un des aînés, 26 ans, scolarisé jusqu’en classe de seconde, le tatoueur de cette clique à laquelle il appartient depuis douze ans. Derrière lui déjà cinq ans de prison pour trafic de drogue, trois enfants de trois jeunes femmes différentes, un petit dernier de quatre mois. El Banban alterne liberté conditionnelle et préventive en attente du procès. Il est en prison actuellement.

« El Duende », Le Lutin, 25 ans, a intégré la bande à l’age de 14 ans. Il n’a pas connu son père, il s’est enfui de chez sa mère pour devenir enfant des rues. Emprisonné quatre fois pour vol avec violences, « Je n’ai aucun avenir, j’ai un pied dans la tombe ». Une de ses filles, âgée de 4 ans,vit en prison avec sa mère.

« El Bodoque », Le Déchet, farceur rigolard, vient de fêter ses 21 ans. Il a quitté l’école en sixième, il entre dans la bande à 14 ans, au motif de tout « destroyer ». Il a été détenu trois mois pour vol dans un centre pour mineurs, il a été blessé par balles à plusieurs reprises… Avec un grand sourire à la caméra, il lance : « Je ne sais pas si je vais mourir aujourd’hui ou demain ». Prémonition : quelques mois après ces images, il sera liquidé en plein jour, le 1er novembre 2006, de dix balles dans le corps par deux sicaires de la MS, la clique ennemie, malgré une présence policière àquelques centaines de mètres du crime…

« Little Scrappy », un héro de la BD Scoubidou, 17 ans. Elevé par sa mère abandonnée par son mari quand l’enfant avait 6 ans, il entre à 15 ans dans la bande pour « s’éclater’ . « J’adore la 18. » Son futur ? « La mort ! Ici personne ne te tend la main, quel futur peux-tu avoir sinon la mort ? » Le26 mai 2006, il sera tiré comme un lapin par deux flics qui l’assassinent dans le dos, lors d’une course-poursuite alors qu’il était armé. Il laisse une femme et un enfant, né peu après sa mort.

« Psycho »,19 ans. Elevé par sa mère, il quitte l’école en CM2 et traîne dans les rues. Il est entré dans la clique voici deux ans. Pour lui, que représentait le gang avant d’en être membre ? « Tuer et fumer de la drogue ! » Depuis, il « s’est beaucoup assagi », car il aimerait que Dieu lui permette de voir sa fille « grandir un peu » et surtout qu’elle n’échoue pas dans le gang. « Je resterai toujours dans la bande car je suis tatoué. Il vaut mieux qu’on me tue quand je fais chier tout le monde, plutôt que mourir par accident ! La mort m’a frôlé, mais je ne m’en suis pas rendu compte. »

« El Nueve », Le Neuf, 26 ans. Il quitte l’école après le CM2, il grandit avec sa grand-mère. Il rejoint la cliqua 18 de son quartier « pour avoir de l’aide ». Enfant des rues, il était persécuté par des pandilleros ennemis de la Mara Salvatrucha... A 26 ans, il est l’un des rares à avoir tout vécu sans être jamais emprisonné. Un objectif : survivre à tout prix, « rester vivant ». Il est très présent dans le film.

« El Raton », La Souris, ou « Moussi », de l’Anglais Mouse, 28 ans. Scolarisé jusqu’en 6ème, il est entré à 13 ans dans la bande, « pour m’éclater avec la race ! pour être là et faire chier tout le monde ». « Tu as la bande dans le coeur, à la vie à la mort. » Mais il ne veut pas que son gosse de six ans finisse dans la bande, mais suive des études et réussisse sa vie.

« Sparky », héros d’une série télé, 20 ans. Il quitte l’école en 5ème, il est aussitôt emprisonné un an et demi pour trafic de drogue, père d’une petite fille. « Mon futur ? je ne le vois plus. Je ne sais pas si je vais vivre encore. C’est pourquoi je vis au jour le jour. »

 « Spider » ou « El Frente", L’Araignée ou Le Front, 17 ans. Depuis deux ans dans la clique, « pour m’éclater ». Emprisonné un mois pour port d’arme, il vit « au jour le jour », prêt « à mourir pour la Pandilla ».

« Twister », La Tornade, 22 ans. Maltraité par son beau-père, il quitte famille et école en quatrième. Enfant des rues, il entre dans la bande à 17 ans. Fataliste : « Dieu fait de nous ce qu’il veut ! »

 « El Verdugo » Le Bourreau, 28 ans. Bachelier. A 12 ans il vit dans la rue, à 16 ans, il est du gang tout en poursuivant le lycée. « J’aimais m‘éclater, me battre, gagner des territoires, introniser les nouveaux, les femmes, le vice… On se sentait protégé, c’est ça qui m’a plu dans la 18. » Il a tiré cinq ans de prison pour vol et trois pour homicide. A tenté de travailler, mais il s’est fait virer à cause de ses tatouages. Un fils de 10 ans aux USA, une petite fille morte de la dengue à 3 ans.

Et tous leurs potes… Des personnages secondaires, tels El Araña, L'Araignée,17 ans. De nationalité américaine, car il vivait aux USA avec son père. Il a été renvoyé au Salvador. Il vit avec sa mère depuis que son père a été emprisonné aux USA pour vol. « El Triste », Le Triste, complice de El Nueve. Il se cache, car il a un mandat aux fesses pour extorsion. Il y a encore« El Pablo » ou encore « El Snarf », un chat héros de BD américaine. 

Les filles comme personnages : Elles sont nombreuses. Une poignée sort du lot. Leurs simples préoccupations de survie servent de référent « terrestre » à la clique.  

« La Chucky », héroïne du film d’horreur éponyme Chucky, la poupée qui tue. 19 ans, elle est mère de deux filles. Tatouée sur tout le corps, elle porte notamment un 18 sur le front. Elle le dissimule sous un bandeau quand elle « sort » de sa rue. Jolie fille au regard de tueuse, elle ressemble à son alias. Scolarisée jusqu’en CM2, élevée en orphelinat, dont elle s’évade le plus souvent, elle est rattrapée et placée en maison de correction. Elle fugue avec une copine pandillera, membre de la M18. Elle entre dans laclique de sa campanera à 14 ans, pour s’éclater. Incarcérée un an et demi pour meurtre avec préméditation dans une prison pour adultes, elle s’est fait passer pour majeure afin d’être avec son amie. Relâchée pour vice de forme quand les juges découvrent qu’elle est mineure. S’est fait tatouer au front par amour du gang, « pour la folie » qu’il lui apporte. Célibataire, deux filles, elle dit à propos de sa petite dernière : « Je ne veux pas que ma fille souffre ce que j’ai souffert ! »

« La Droopy », Chien aux yeux tristes, héros d’un dessin animé de Tex Avery, 20 ans. Née au Costa Rica, scolarisée jusqu’en 6ème, élevée par une mère accro au crack. Elle entre dans la clique à 16 ans. Un enfant de 4, dont le père est en prison, condamné à quatre-vingt-cinq ans pour homicide. « Je suis le père et la mère de mon fils. » Son combat : récupérer ce fils placé en foyer par le juge. Son espoir dans l’avenir ? « Etre reconnue comme un être humain. » 

« La Liro », allitération hispanisante de « The Little One », la petite dernière, 19 ans. Emmenée à l’âge d’1 an par sa mère à Houston, Texas, elle rentre au pays à l’âge de 13 ans. Tout son visage est tatoué, recouvert d’un gigantesque 18. Ce tatouage lui a été fait à 17 ans, une punition peut être… Avec une telle scarification, ce visage la condamne à mort hors de sa rue. Si elle entre dans un lieu public, un fast food, les clients appellent les flics qui l’embarquent aussi et la placent en garde-à-vue. Elle a un fils de 4 mois, son père est BanBan, en prison préventive en attente de jugement. Son fils ? « Je ne sais pas si je pourrais l’amener à l’école, car je ne sais pas ce qui va m’arriver d’ici là ! Si mon fils entre dans la Pandilla, ce sera sa décision. » Comme femme de chef, La Liro est vingt quatre heures sur vingt-quatre sous la protection des membres de la clique. Elle ne se déplace qu’en compagnie de ses jeunes gardes du corps aux allures de sicaires.

« La Wizard », La Magicienne, en référence aux Marvel’s comics américains, 27 ans. Scolarisée jusqu’à la 3 ème, élevée par sa mère et son beau-père. Son père a été abattu quand elle avait un an. Fugue à 15 ans,elle ne supporte plus son beau-père qui la bat. Elle échappe au suicide :« Je me suis ratée ». Son frère était dans la mara Salvatrucha, « Je le regardais se droguer, faire ses conneries ». Pour la protéger, son frère n’a pas voulu qu’elle rejoigne la bande. Résultat, elle est entrée dans la M18 rivale. Incarcérée comme mineure, puis majeure pour vol, port d’arme, tentative de meurtre, la fois dernière pour homicide, elle sort de prison après neuf mois de réclusion... A 17 ans, elle est avec un « homeboy », un pandillero, quand se font tirer dessus. Il se fait descendre, elle prend une balle dans la main, une autre dans la jambe… En 2004, elle vivait avec « Psycho », incarcéré depuis. « Il fallait que j’aille le visiter », raconte-t-elle, mais hélas sa prison est en « territoire ennemi » : les tueurs de la MS ont tenté de l’exécuter dès sa sortie de l’enceinte. Elle est mitraillée par deux sicaires, elle reçoit une dizaine de balles dans le corps, dont plusieurs dans le ventre, une dans la tête. Elle s’en sort miraculeusement, car un projectile ressort par son oeil droit ! Laissée pour morte, elle se réveille, s’étouffant dans son sang. Après plusieurs opérations, elle porte une prothèse à l’oeil, elle doit subir une nouvelle intervention pour régler un problème de paupière qui couvre mal la bille de verre dans son orbite. Mère de quatre enfants. Le géniteur des deux premiers est décédé, abattu de cinq balles en pleine tête.

D’autres personnages sont à l’image… Ainsi La Happy, qui a fait la morte après avoir été mitraillée par quatre sicaires. Des balles dans tout le corps. Après des semaines à l’hôpital, recousue, soignée, pouvant à peine se déplacer, elle rentre chez elle. Au téléphone, face à la caméra, elle apprend la mort de El Sombre, son mec, qui vient de se faire abattre.

 La vie, chaque jour :

 L’existence quotidienne à la Campanera entre descentes de flics et veillées funéraires. Quelque chose d’un Belfast ponctué de raids vengeurs venus des autres quartiers. La guerre est toujours présente.

 Les « Merdes sèches », pour MS, sont à l’affût dans les rues ou sur l’autre versant de la colline. La mort rôde, inlassable. Transformant la vie quotidienne en Six feet under tropical, la série US qui se déroule dans le lieu clos d’une firme de pompes funèbres. Des morts violentes, tout le temps, une ou deux par mois au moins, endeuillent la collectivité. Quand on va chercher les corps au centre médico-légal, les préposés remettent à la famille éplorée les fringues ensanglantées des victimes dans un sac plastique de supermarché. La caméra suit une famille errant au milieu d’un monceau de cercueils. La pandilla prend en charge les frais d’enterrement, les familles n’ayant pas les moyens de payer. Au marché, elles achètent des couronnes et des bouquets de fleurs multicolores.

« Tôt ou tard, c’est l’hôpital, la prison ou le trou », dit El Nueve à la veillée mortuaire d’El Sombre. Une vie sans espoir. La Campanera est l’unité de lieu des tragédies annoncées.

Il vaut mieux n’être pas tatoué sur le visage si l’on veut échapper à la Bartoline, une garde-à-vue de soixante-douze heures, sans manger ni boire. La Bartolina est le nom du panier à salade, et par extension la garde à- vue. A tous les coins de rue, les flics mettent les gens face au mur, mains sur la tête, et leur intiment de lever les T shirt pour constater les tatouages d’appartenance. Ces mesures liberticides sont entrées en vigueur ces dernières années, alors que la loi Mano Dura est aujourd’hui abolie. Hélas, l’usage policier perdure... Dénoncées comme atteintes aux droits de l’homme, ces brimades sont pourtant le quotidien des adolescents. Ils vivent ensemble, en autogestion, ils assurent le nettoyage de la maison, les repas qu’ils prennent devant la télé ; les murs sont tapissés de peluches, d’images saintes et d’affiches de stars du foot. Sous les toits, dans les recoins des cours sont cachés des chargeurs de 9mm…Mélange constant de douceur et d’hyperviolence meurtrière. Bien que nous soyons dans l’univers d’un crime organisé ultra hiérarchisé, un modèle inconscient d’existence familiale traditionnelle réunit les anciens enfants des rues, des filles battues, de jeunes délinquants en rupture scolaire. Dans les quartiers, les rues, une sorte de confrérie élit ses chefs ou les destitue s’ils ne sont pas à la hauteur ou bien corrompus. C’est une véritable société d’adolescents, organisée comme les bandes d’enfants du Moyen Age européen qui s’engageaient pour la croisade. En parallèle, les règles du gang sont élaborées avec ses lois, son règlement intérieur et sa morale.

On peut tuer un membre du clan adverse, mais la pire insulte pour un membre du gang, c’est d’être accusé d’avoir abattu un « civil »… Dans ce petit pays, la violence provoque la mort de dix-neuf victimes chaque jour ! La courbe de l’âge des victimes de mort violente atteint son pic dans la tranche des 16/24 ans…. 

« La pendilla c’est le réel, si tu as quelque chose et que l’autre n’a rien tu dois partager. »

« Si on survit aux balles c’est par ce qu’on croit en dieu, seul Dieu vous sauve. »

« On a vu la mort de près, On a fait semblant d’être armé, mais on a chié dans notre froc. »

« La pandilla, je l’ai dans le coeur, je suis amoureux de la pandilla, c’est comme une religion, comme Dieu. »

« Il faut demander à Dieu de m’ôter la pandilla de la tête sinon je suis perdu. » 

Abandonnés, les adolescents trouvent dans ces bandes un lieu, un sentiment de sécurité, une communauté qu'ils ne trouvent nulle part ailleurs. Tranchant avec le dénuement et l'insécurité ambiants les pandilleros ne réclament ni la pitié, ni la charité ou une quelconque aide: ils veulent seulement obtenir le droit de vivre dans la dignité, la sécurité, afin de pouvoir exister tout simplement, protéges, par les droits constitutionnels.

La chanson du film : « La vida en la 18 es fatal » « Que vayas con Dios ! » Cette chanson est chantée à cappella par les membres du gang après la minute de silence faite à minuit pile lors des veillées funéraires. Auparavant la famille, les amis et tous les non-initiés ont été priés de sortir. Le gang s’enferme avec le corps du pandillero martyr et passe la nuit à le veiller. Cette chanson est aussi chantée lors des enterrements. Né dans le ghetto latino ce hit reggaeton de Big Boy un rappeur de L.A, parlait des rapports terribles des gangs et de la drogue, dans la version « Mara 18 » salvadorienne la drogue a été remplacée par « la 18 » (« la diesyoche ») Ce sera la chanson du film qui s’articulera autour d’une série d’enterrements et de veillées funèbres. 

« Que vayas con dios »

« Y ahora escuchen lo que voy a decir Y al cielo te llega mi voz, fuiste como un hermano Y se que estas a lado de dios, y reso por ti y nosotros (hook)

A veces siento que es duro si un amigo se va (con Dios)

Y su alma camina hacia la eternidad (land of mercy)

El se fue y ya no vendra, y para siempre se fue ya Y su recuerdo se quedara, pero ya que descanse en paz (coro)

Que vayas con Dios, whoa, whoa,whoa, whoa

Amigo del alma, te despido y jamas me voy a olvidar de nuestra linda amistad,eh

Ya no le lloren dejenlo partir, de que vale si ya esta muerto

Ya no lo pueden revivir, ya no le lloren dejenlo partir

De que vale si ya esta muerto, ya no lo pueden revivir

Sabes que mueres pero no sabes cuando mueres

La vida es una para todos los seres, hay que disfrutarla

Y lo sabes bien, porque va a llegar el dia en que se te apage la luz Y

como sufrimos tu seres queridos porque perdimos un gran amigo

Yo lo vi crecer, desde nino yo me crie junto a el

Su madre lo apunto al escuela, donde quizo su futuro escojer

Pero de nada ella le sirvio, y el mal camino escogio, el decidio de la 18

vivir

Y la muerte el pudo consegir

Que vayas con Dios, mi amigo del alma, que vayas con Dios, mi amigo del alma

Por que fuiste para mi como un hermano en las buenas y malas

Siempre nos dimos la mano , por eso la 18 esta cancion te dedica

Sin cualquier tarima, mi voz te recita despido tu vuelo con una lagrima mas

Lo unico que quiero es que descanses en paz

Tu en el cielo, y yo en la tierra, pero siempre la amistad

Porque sincera y eterna, que salga el sol, y que cuando cumpla la manana orare por ti

Todos los dia de la semana

Yo se que es muy triste , yo se que es muy triste

Pero la vida en la 18 es fatal

Yo se que es muy triste, yo se que es muy triste

Ya ves que a ti te fue mal (coro)

La muerte a todos yo se que nos espera

Por eso la vida no la vivas tan lijera, cuando hagas las cosas, piensalas bien

Para que despues no te lamentes, busca a Dios pero que sea siempre No nada mas cuando necesitas de el

Pon lo enfrente para caminar, y no te dejes manipular por el mal (coro)

Cada noche cuando me voy a dormir, le pido siempre al Senor que cuide de mi

Y si me muero antes de que vuelva a amanecer le pido al Senor que me Lleve con el.

 

 

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